Voilà une classe qui se tient sage !
lundi 10 décembre 2018, 13:49 Lien permanent
Cette capture d’écran insoutenable de gamins agenouillés devant un mur dans un terrain vague de Mantes-la-Jolie en évoque immédiatement d’autres, probablement différentes pour chacun d’entre nous.

Pour ma part, elle me fait penser à plusieurs recréations plus ou moins fidèles d’événements réels :

El tres de mayo de 1808 en Madrid par Francisco Goya, 1814

L’exécution des Fédérés le 27 mai 1871 au cimetière du Père-Lachaise à Paris par Alfred Darjou

Les “fusillés pour l’exemple” de la Première Guerre mondiale
dans Les Sentiers de la gloire de Stanley Kubrick, 1957
Toutes ces images illustrent une une révolte, une résistance opprimées : dans la nuit du 2 au 3 mai 1808, l’armée française occupant Madrid passa par les armes des résistants espagnols ; le 27 mai 1871, cent quarante-sept fédérés (ou communards) furent exécutés par les troupes versaillaises au cimetière du Père-Lachaise ; entre 1914 et 1918, plus de six cents soldats français qui, de différentes manières, refusèrent d’obéir aux ordres, furent “fusillés pour l’exemple”.
À Mantes-la-Jolie, les gamins révoltés ont eu droit à un simulacre d’exécution capitale…


… rappelant celles qui ôtèrent la vie à de nombreux jeunes résistants de la Seconde Guerre mondiale, mis à genoux eux aussi :

Exécution de résistants dans le maquis de Valveron (Saône-et-Loire) par les nazis, le 28 mars 1944
Mais le plus important n’est pas dans ces rapprochements d’images faits bien au chaud, avec un arabica brûlant à portée de main, non. Le plus important, c’est l’extrême violence que durent ressentir ces enfants aux mains liées ou menottées dans le dos, agenouillés au pied d’un mur, surveillés par un peloton de pseudo-exécution. « Voilà une classe qui se tient sage ! », lâcha l’un des flics. Une classe, oui, une classe en lutte, celle des enfants de prolos de Mantes-la-Jolie qui a peur pour son avenir.
Commentaires
c’est celle hyper classique du môme du ghetto de Varsovie les mains en l’air à laquelle j’avais spontanément pensé.
Que va-t-il germer des graines d’humiliation semées dans la tête de ces ados face des adultes armés, cuirassés, intouchables et puant la vinasse ?
DICKY :Ah oui le gamin de Varsovie, évidemment. Je n’y avais pas pensé.
Longtemps je me suis demandé ce que pouvait vouloir dire « une classe qui se tient bien sage ».J’ai fini par comprendre grâce aux « autorités » du MEN : c’est une classe soumise et corrompue.