Les voix blanches de Hong Kong
jeudi 9 juillet 2020, 07:39 Lien permanent
Les Hongkongais ont toujours été très créatifs en matière de contestation politique. En octobre 2014, ils inventaient le Mouvement Occupy Central With Peace and Love pour exiger plus de démocratie et un changement radical du mode de scrutin en vue des élections de 2017. Leur symbole était un parapluie, on parlait de Révolution des parapluies (voir mon article de l’époque chez Arrêt sur images).En ces jours de juillet 2020, la situation est bien différente. Le pouvoir central chinois a resserré son emprise sur Hong Kong, une “loi de sécurité nationale” vient d’être promulguée, libertés d’expression et de manifestation sont désormais impitoyablement muselées. Pancartes, banderoles, affiches contestataires sont à ce jour interdites. Les Lennon Walls, murs de Post-it revendicatifs, sont bannis des restaurants qui avaient coutume de les afficher.
Capture d’écran d’un reportage © AFP
Mais les Hongkongais ont toujours été très créatifs en matière de contestation politique. Aujourd’hui, ils inventent la contestation blanche en brandissant des feuilles de papier vierges. Des feuilles qui contiennent donc, potentiellement, toutes les revendications, tous les espoirs.
Elles sont un peu l’équivalent du nuage, de la brume dans la peinture classique chinoise de paysage. La brume, en effet, qui relie la montagne et l’eau, réunit tous les possibilités : elle donne à la montagne celle de se transformer en eau, et à l’eau celle de se transformer en montagne. Cette brume est vivante, active, elle représente le changement potentiel.
La Source aux fleurs de pêcher
par Yuan Chiang (18e s.)
Car dans la religion taoiste, qui imprègne toute la peinture de paysage chinoise, rien de ce qui est vivant n’est fixe, tout est toujours en cours de transformation ; partant de là, rien n’est impossible. Et donc, tous les slogans imaginables sont contenus dans ces pages blanches brandies par les manifestants, dans ces Post-it de couleur devenus vierges de tout écrit.
« On n’a pas besoin de mots, nous, manifestants, pour manifester, tant qu’on a à l’esprit la volonté de liberté ».
« Ces slogans resteront pour toujours dans mon cœur et sur le papier blanc, qui ne disparaîtra jamais. »
« Ils peuvent nous imposer le silence, créer une terreur blanche, nous censurer, nos cœurs ne mourront jamais. »
Captures d’écran The Guardian
Cela dit, même ces modestes rassemblements de pages blanches, comme celui qui eut lieu le lundi dernier dans un centre commercial de Hong Kong, sont interdits par la nouvelle loi chinoise. Quel avenir pour Hong Kong ? Et pour Taïwan ?
Les voix blanches de Hong Kong n’en finissent pas de hurler, pendant que les démocraties se murent dans le silence.
Commentaires
J’aime beaucoup le jaune sur fond noir, j’aime énormément les parapluies vus du ciel, j’aime aussi les feuilles blanches des ramettes, même si il n’y en a pas une ramette, de manifestants, mais beaucoup moins. J’aime tellement les robes portées avec des baskettes et des chaussettes. L’assortiment des couleurs de post-it, aussi je l’aime. Le trou pour le pouce dans les manches des pulls je l’aime trop. J’aime à la folie lire les posts que je viens mirer en douce, pondus tout frais par Korkos Alain. Mais je n’aime plus vraiment mettre dessous des commentaires car je crois qu’on ne les aime pas.
Et puis les images les mots rebondissent un max en moi, et une succession de, mais oui, mais non, ah bon, tiens, bah pourquoi i dissa, extemporanés qui m’entraineraient facilement à des brochettes de delirium incontrolés par choix. Donc on s’abstient de réagir par pure sagesse, et non point par désintérêt.
Par exemple le post précédent, autant je vois des christs du premier coup d’yeux dans les bœufs de Rembrandt, autant je vois un arbre fruitier direct dans le prisonnier. Et puis il est pas déhanché du tout. Contrairement aux bœufs, ha ha. En palissade devant un mur grillagé.
…
(tous les commentaires imaginables sont contenus dans ces trois points)
Comme poisson, je suis fan.