MMIAM n°3 : Hammershøi, les dimanches après-midi et ma grand-mère
vendredi 4 septembre 2020, 09:30 Lien permanent
Mon Musée imaginaire à moi, le MMIAM, est composé d’une centaine d’images parmi mes favorites. Elles seront commentées ici en 4 000 signes maximum.
MMIAM n°3 : Hammershøi, les dimanches après-midi et ma grand-mère
Les peintures de Vilhelm Hammershøi. Ces décors presque vides de meubles parfois peuplés d’une silhouette féminine, ces murs gris teintés de bleu ou de beige, ces mises en scène qui rappellent Vermeer et Pieter Janssens Elinga. La profonde sérénité des peintures de Wilhelm Hammershoi.
Hammershøi
Vermeer
Hammershøi
Elinga
Quoique. À mieux y regarder, on peut y déceler également de l’ennui, cet ennui des dimanche après-midi quand on n’a rien à faire. Quand on guette l’assoupissement libérateur dans un appartement silencieux un peu trop chauffé. Au dehors tombe la pluie de novembre ou la neige de janvier. Un discret courant d’air se faufile sous la porte, sous la fenêtre. Trop chaud, trop froid, et ce sommeil qui ne vient pas…
Et puis l’équilibre précaire envahissant certaines images, comme celle où la femme - celle d’Hammershøi - en position instable sur une chaise, regarde à sa fenêtre pendant que derrière elle une table a son pied avant gauche un peu trop long, et un piano tient par miracle avec deux pieds seulement. La rupture, l’écroulement, jamais très loin malgré les apparences.
Cette femme, toujours, errant dans cet appartement vide ou se reposant l’ombre d’un instant lors de ses tâches domestiques. Un plateau en main, elle se tient debout devant un meuble sur lequel est posé un compotier…
… apparaît dans une enfilade de pièces nues…
… ou bien est assise légèrement de travers sur une chaise, la tête baissée. Pour un peu, on distinguerait de minuscules gouttes de sueur sur son cou lumineux.
Dans ces moments, elle ressemble à ma grand-mère, Yvette Bachrich.
Commentaires
Merci de partager TMIAT.
Je vois bien dans les tableaux de Hammershøi: résignation, enfermement, vide, pâleur, la vie soit dans le dos, soit quand on croit qu’on va basculer du côté du réel, le déséquilibre joue en notre défaveur.
Sensibilité féminine, non non non, mais image d’un fatalisme auquel on n’échappe pas, parmi d’autres non exclusivement féminins.
En fait, Hammershøi et sa femme vivaient en reclus et leur appartement était sa source quasi unique d’inspiration. Il avait fait peindre les murs en gris et les portes en blanc tout exprès.
L’atmosphère générale qui se dégage de ses œuvres, c’est le malaise. Une espèce de mal de vivre indéfinissable.
Mais on peut voir tout et son contraire dans les tableaux d’Hammershøi. Tout dépend de comment on est luné !
Je lis tant de clarté, de tranquillité chez Hammershoi. J’aime vraiment
Tous ces murs blancs et pas un seul tag… Quel gâchis !
Blague à part, le montant droit tout tordu du chambranle de la porte de la troisième image, c’est voulu ou c’est une déformation de la vignette ?
PÉRUGIN : D’une part, la fenêtre et la porte ne sont pas droites du tout (j’ai vérifié en examinant d’autres oeuvres représentant la même pièce), et d’autre part la toile n’est pas bien tendue sur son côté vertical droit. D’où la sensation “vite-vite-je-cours-chez-l’ophtalmo”.